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Camille Courmont

met la mode au green

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Camille Courmont, fondatrice de Greendy Pact © ChloéTredez

​En février 2020, c’est un magasin d’un nouveau genre qui a vu le jour à Lille, rue Pierre Mauroy. Imaginé par Camille Courmont, Greendy Pact est la promesse d’une mode plus responsable. Le principe est simple. Les clientes viennent échanger leurs vêtements contre d’autres. La seconde main est de mise, à l’ère ou la mode est la deuxième industrie la plus polluante au monde. Entretien avec Camille Courmont, fondatrice de Greendy Pact.

Comment vous est venu l’idée d’un tel projet ?

C.C. Après des études en communication et quatre ans passés à travailler dans la consultation digitale, j’ai eu envie de me tourner vers un projet faisant sens à mes yeux, avec une vraie problématique personnelle. La cause écologique me touche. A titre personnel, j’essaye de mieux consommer, dans tous les sens du terme, afin de protéger et améliorer l’environnement. Et la mode se trouve être un domaine particulièrement polluant. Après m’être essayée à l’application Vinted, qui propose de revendre ses vêtements, je me suis rendue compte qu’il y avait un vrai terrain à conquérir. C’est une bonne alternative, mais les transports des vêtements, les frais de port, le temps passé à prendre les photos, à les publier, à faire les emballages reste problématique pour beaucoup. Ajouté à cela le risque que le vêtement ne nous aille pas ou ne corresponde pas vraiment à la photo, Vinted reste assez limité. J’ai donc imaginé l’idée d’un service d’échange, mais en boutique physique. 

Faire une boutique physique était-il important pour vous ? 

Oui, bien sûr, c’était même le plus important ! Faire du shopping est un plaisir pour beaucoup, un vrai moment de partage entre copines ou en famille. Alors, garder cet aspect-là est essentiel. Pour beaucoup, acheter de la seconde main se fait soit sur Internet, soit dans des boutiques poussiéreuses, avec des pièces vintages, du siècle dernier. J’ai très à cœur de montrer que la seconde main peut aussi être moderne, avec des vêtements d’actualité, dans l’ère du temps. C’est pourquoi la boutique est très contemporaine. La décoration est épurée mais chaleureuse. Les clientes ont de l’espace pour circuler et n’ont pas besoin de fouiller comme dans les fripes. Tous les habits sont sur cintres, étiquetés, propres, repassés, comme neuf finalement ! Des cabines d’essayage sont aussi à disposition pour essayer les vêtements. L’idée, c’est que les clientes aient l’impression que le vêtement n’a jamais appartenu à quelqu’un avant, pour qu’elles puissent se l’approprier directement.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En parlant des clientes, quelle est votre cible ? 

Pour un concept comme celui-là, la cible visée est celle des femmes de 18 à 34 ans. Les jeunes femmes ont souvent plus conscience des enjeux environnementaux, et sont plus sujettes à chercher des alternatives écoresponsables. Comme je propose aussi des vêtements pour enfants dans la boutique, les jeunes mamans aux budgets plus limités peuvent se faire plaisir grâce à l’échange. Comme les enfants grandissants vite, il est plus avantageux de profiter de l’échange que d’acheter un vêtement qui ne durera que quelques mois, pour le laisser trainer dans les cartons ensuite. J’aimerai pouvoir toucher tous les âges dans un futur proche mais aujourd’hui, les générations plus âgées sont plus compliquées à convaincre. C’est un changement de mode de vie parfois compliqué à faire, une transition trop brutale par rapport à leur mode de vie et de consommation habituel. Pour l’instant, je n’ai pas de vêtements d’hommes, mais pourquoi pas avec le temps et l’évolution de la boutique. 

Et les vêtements, comment les choisissez-vous ? 

Le choix des vêtements se fait sur critère. C’est une sélection de bon sens. Comme je l’ai dit, je n’accepte que les vêtements modernes. Le but n’est pas de se débarrasser de « ses vêtements de la honte ». Il faut des vêtements dans l’ère du temps. Ensuite, ils doivent être en bon état, pas arrachés, ni tâchés ou décousus. Pour rester dans l’idée d’une consommation responsable, je ne reprends que des vêtements de saison. En hiver, on échange des vêtements d’hiver et en été des vêtements d’été. Concernant les marques, il n’y a pas de restrictions. J’accepte autant les vêtements hauts de gamme comme Maje, Comptoir des Cotonniers ou Bash que des vêtements qui viennent de Camaieu, Zara ou Promod. 

Comment cela se passe t’il avec ces marques, puisque le prix d’achat peut être très différent d’un vêtement à l’autre ?

Ce point a été une longue interrogation. Mais j’ai décidé de ne pas prendre les marques en considération. Si l’on vient donner un t-shirt, on repart avec un t-shirt, qu’importe la marque. Le but du jeu est aussi de se détacher de l’esprit de consommation de marque très présent dans notre société. Parfois, on préfère acheter un vêtement pour sa marque plutôt que son esthétique. C’est dommage. Ce n’est pas parce qu’une pièce est de telle marque ou coûte plus chère qu’elle est plus jolie. Dans la boutique, il n’y a pas de hiérarchisation. Ça marche au coup de cœur, avec une valeur esthétique plutôt que financière. Mais je ne suis pas naïve, je sais que certaines peuvent essayer de faire du profit pour aller revendre des pièces de marques derrière. Je vais veiller à ce que cela n’arrive pas. Je pense à dégriffer certains vêtements pour éviter ce genre de problèmes. 

Après quelques semaines d’ouverture, comment voyez vous la suite pour Greendy Pact ?

Je suis très heureuse de ce qu’il se passe ! Les gens s’intéressent au concept et je reçois beaucoup de messages très positifs. La boutique marche plutôt bien, même si la crise du coronavirus perturbe un peu les choses. J’en profite cependant pour questionner les clientes et potentielles futures clientes sur les réseaux sociaux. Leurs avis sont très importants sur ce qu’elles voudraient voir en plus et ce qu’il faudrait changer. A la réouverture de la boutique, je vais sûrement ajouter quelques nouveautés, comme des bijoux, des accessoires et pourquoi pas de la maroquinerie. En attendant, je profite de la fermeture de la boutique pour remplacer les habits d’hiver par les habits d’été ! Les pulls retournent dans leurs cartons et font place aux jolies robes d’été ! J’a hâte de pouvoir rouvrir la boutique, à la fin du confinement. 

Chloé Tredez

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Boutique Greendy Pact © ChloéTredez

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