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A Lille

Le 10 avril 2020

Madame Dupond, directrice de Lille Immobilier, bonjour.

 

Je tiens par ce mail à vous faire part d'une altercation avec le couple habitant au-dessus de chez moi. Au 6 rue du docteur Papin, à Lille, au rez-de-chaussée/

 

En cette période de confinement, nous avons passé, ma compagne et moi-même, trois semaines compliquées. Tous deux malades, confinés, et cas suspects de Covid-19, la santé est malgré tout revenue au bout de plusieurs jours. 

Les températures estivales de ces derniers temps nous ont donné envie de prendre le soleil. Ne disposant pas d’extérieur, nous avons décidé d'aller sur le toit de notre salle de bain, afin d’y prendre l’air ailleurs que dans l’appartement, en y accédant par la fenêtre de la cage d’escalier commune.

En s'installant à cet endroit, nous ne causons de tort à personne, à part à nous même, si un incident survient. Pas de vis à vis, pas de vue sur le salon de ces voisins.

Toutefois, je tiens à préciser que nous sommes conscients que nous n'avons pas le droit d'y accéder, même en plein soleil et confinés, mais la tentation était trop grande. C’est notre tort et nous nous en excusons.

 

Toutefois, il existe des torts qui ne méritent d’insultes ou de punitions. 

Pas plus tard que ce soir, aux alentours de 19h alors que j'étais au travail, ma compagne est allée sur ce toit pour s'y relaxer après une longue journée de travail. (Étant tous deux journalistes en chaine d’information en continu, je vous laisse imaginer que nos journées sont chargées en ce moment).

À peine assise, un livre à la main qu’elle souhaitait lire une vingtaine de minute avant d’aller assurer la matinale du lendemain, elle a pu faire face à nos voisins du 1er étage. Ce couple, ouvrant violemment la fenêtre, lui signale légitimement qu'elle n'avait pas le droit d'être la. Ma compagne leur a alors demandé de la clémence, confinement et 25 degrés se conjuguant difficilement.

 

« Madame Dupond sera au courant, madame Dupond sera au courant ! » hurlaient-ils. Vous l’êtes désormais.

 

Non content de cette situation, et en insultant ma compagne de « mauvaise », le mari de la voisine lui a alors conseillé de fermer la fenêtre. Chose qu'elle fit.

 

Un peu sonnée, ma compagne s'est donc retrouvée enfermée sur ce toit de salle de bain. Elle n'avait d'autre chose à faire qu'attendre devant les autres voisins de courée ébahis, qui se feront je n'en doute pas un plaisir de témoigner de l'absurdité de cette scène. Les voisins du 47B lui ont proposé l’apéritif pour patienter. Ceux du 49A lui ont suggéré de passer par leur toit afin de pouvoir rentrer chez elle. 

 

L’aventure ne s’arrête pas là. Au bout de 45 minutes, cette voisine est revenue pour lui ouvrir, se justifiant d’être une personne calme et raisonnée. « Je vous ouvre car je suis quelqu’un de sympathique, mais sachez que Madame Dupond sera au courant ».

 

Alors calme depuis le début de cette situation ubuesque, ma compagne a commencé à ne plus tenir d’être ainsi traitée. Peu de temps avant le retour de la voisine, elle s’apprêtait à appeler la police pour qu’on vienne la libérer de cette prison extérieure. Elle ne manqua pas de le faire relever aux voisins. 

Cette remarque ne leur a apparement pas plu.  Reprochant à ma compagne d’agir comme « en terrain conquis », les voisins se targuaient d’être locataire depuis 35 ans, alors que nous louions ces murs depuis seulement une année et demie. 

 

Ma compagne leur a répondu qu’au moins ce soir, le terrain qu’elle aura conquis, ce sera bien ce toit. 

 

Cette pique d’humour a alors suscité d’autres insultes de la part du mari. « Mauvaise ». « Méchante », mais le paroxysme fut un « Connasse », réitéré à deux reprises. Le mari demanda avec véhémence à sa femme de refermer la fenêtre, celle-ci refusa afin d’éviter que la situation s’envenime je suppose. 

 

Une fois rentré du travail, j'ai pu apprendre cette altercation par ma compagne qui s’était enfuie de son perchoir dès qu’elle le put. Je décidais d’aller leur parler. Le mari souhaitait apparement que nos muscles s’affrontent plus que nos arguments, me répétant en robe de chambre et charentaises « Viens je t’attends, viens je t’attends. ». Sa femme parvenait à le calmer. Mais moi aussi je l’attendais, la raison de la séquestration de ma compagne.

 

Reconnaissant immédiatement que nous n’avions surement pas le droit d’accéder à cet espace, ma venue avait simplement pour raison une chose : "de quel droit pouvaient-ils prendre la décision de punir ma compagne comme une enfant ? » -que dis-je, une telle punition sur un enfant vaudrait un appel aux services sociaux-. 

 

Pour la punir de s’être installée sur un toit, ma voisine l’y a … enfermée. La cocasserie de la situation n’apparut pas à ma voisine. « Et alors ? » fut sa seule réponse. 

J'ai coupé court à la conversation, leur souhaitant une bonne soirée, en voyant que les choses n’iraient pas plus loin.  

 

Vous l’aurez compris, la soirée fut mouvementée.

Loin de moi l'idée d'aller plus loin dans cette histoire, je voulais juste vous faire part du comportement de ces voisins. D'une part l'insulte facile du mari, mais surtout leur décision commune d'enfermer ma compagne à un endroit où elle ne pouvait pas sortir, à moins de sauter chez un autre voisin et de s'y casser une jambe.

 

 

Je tenais à vous écrire ce (long) mail simplement pour vous faire part de la situation, de cette réaction abusive et très certainement pénalement répréhensible (mais aussi pour vous éviter de retrouver un futur locataire confiné sur ce toit de salle de bain pendant plusieurs jours).

 

Bonne soirée et bon courage pendant ce confinement.

 

Gerry Jouaud - Defer

Locataire du rez de chaussée, 6 rue du docteur Papin, à Lille.

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