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  DOSSIER ZOOTHÉRAPIE

François Rousset :

« L’animal favorise un bien-être »

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Bonjour François, vous êtes médecin généraliste en campagne, près de Laon dans le Pas-de-Calais. Vous aimez les animaux, vous en avez toujours eu. Mais que pensez-vous, en tant que médecin, de la zoothérapie ?

Pour commencer, je n’aime pas trop le terme zoothérapie. C’est trop technique. Ce n’est pas de la calinothérapie non plus, je parlerais plutôt de médiation par l’animal. Et d’ailleurs je dirais même que c’est du bon sens.

 

Qu’entendez-vous par bon sens ?

Sans parler de zoothérapie, il m’est arrivé de conseiller à certains de mes patients, de prendre un animal. C’est arrivé pour une femme atteinte de la maladie d’azlheimer qui grâce à son chien, a pu, durant quelques années de plus, garder sa maison et retrouver l’esprit. C’est ça que j’appelle du bon sens. Les animaux nous aident à aller de l’avant.

 

 

D’où vient le terme « zoothérapie » ?

Il faut savoir que la médiation animale a toujours plus ou moins existé. Dans les asiles au 15ème siècle, il y avait déjà des animaux qui aidaient les personnes atteintes de troubles psychiatriques. En réalité le mot zoothérapie est apparu dans les années 50 aux États-Unis, c’est Boris Levinson, un psychiatre, qui utilise pour la première fois, dans le cadre de thérapie, son chien avec des enfants autistes. Rapidement le comportement des ses patients évoluent et le terme zoothérapie est né.

 

Et pourtant la zoothérapie, en France en tout cas, n’est toujours pas reconnue.

Oui c’est vrai en France, la zoothérapie, scientifiquement parlant, n’est pas reconnue. Et pourtant, il existe des instituts de formation. C’est un peu l’un des grands mystères de la médecine, comme l’homéopathie si vous voulez. Et puis on parle aussi de placebo* thérapie. Après tout, est-ce que la zoothérapie n’est pas une sorte de placebo* thérapie ? Ce qui a déjà un intérêt puisque le placebo* guérit 20% des patients. Donc ça reste très intéressant. Mais il y a encore trop peu d’études sérieuses sur la médiation animale.

 

D’ailleurs certaines études démontreraient que l’animal n’est pas si bénéfique que ça. Qu’en pensez-vous ?

J’ai lu cette étude dont vous parlez. Très honnêtement je ne comprends pas, je pense qu’il y a un biais faussé. Tout ce qui est dit dans cette étude comme quoi le fait d’avoir un animal nous rendrait plus nerveux, plus malade, réduirait notre espérance de vie, ça va complètement à l’encontre de ce que je vois dans la vie de tous les jours.

 

Peut-on dire que l’animal est un remède miracle ?

Je pense que l’animal favorise un bien-être mais ce n’est pas un médicament miracle. La médiation animale vient uniquement compléter un traitement ou une autre thérapie.

 

*Placebo : Un placebo est un procédé thérapeutique n'ayant pas d'efficacité
propre ou spécifique mais agissant sur le patient
par des mécanismes psychologique et physiologiques

« En France, la zoothérapie, scientifiquement parlant,
n’est pas reconnue. »

Boris Levinson,
père de la zoothérapie

Psychologue pour enfants et professeur en psychiatrie, c’est par hasard que Boris Levinson a découvert ce qu’il a appelé la zoothérapie. Le pédopsychiatre s’est longtemps occupé d’un jeune garçon autiste nommé John qui avait de grande difficulté à communiquer.

 

Un jour le Dr Levinson ne s’est pas aperçu de la présence de son chien, Jingles, dans son bureau. Lorsque John est arrivé, il s’est dirigé vers l’animal qui ne l’a pas repoussé. À la fin de la séance, l’enfant, qui ne parlait que très peu, a demandé quand est ce qu’il pourrait de nouveau être avec Jingles.

 

Pour Boris Levinson, il n’y a aucun doute : John vient de créer un lien avec son chien.

Un lien d’attachement.

 

Après de nombreuses recherches et un long travail avec Jingles, il constate que les animaux fonctionnent comme des objets transitionnels : l’animal rassure le patient, le réconforte et atténue les angoisses. Véritable catalyseur social, il facilite les interactions entre les individus.

 

Boris Levinson est le premier a avoir publié des écrits sur ce lien Homme-animal.

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Boris Levinson et son chien

 ACTIVITÉS & MÉDIATION ANIMALE

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Aux lauriers, poules, lapins
et cobayes s'invitent

Au foyer les Lauriers de Villeneuve d’Ascq, de drôles de visiteurs viennent tenir compagnie aux résidents. Anne-Sophie est médiatrice animale, elle se rend régulièrement dans ce foyer pour adultes handicapés en compagnie de ses poules, cobayes et lapins. Une activité attendue par les pensionnaires qui trouvent réconfort et apaisement auprès de ces animaux.

Il est presque 15 heures quand Anne-Sophie, chariot en main, arrive dans la salle mise a disposition pour l’activité du jour. Sur ce chariot, des caisses de transport et à l’intérieur, des poules, des lapins et des cobayes, tous différents : « Le côté pratique c’est qu’ils restent facilement sur table et puis il y a des différences entre les pelages, les textures et les couleurs, c’est important » souligne Anne-Sophie.

Pour les résidents, le travail avec l’animal contribue à l’amélioration de leur état physique et mental. Par un simple contact, ils sont apaisés.

Autour de la table, des sourires se dessinent déjà sur les lèvres : « Un jour je suis tombée sur Picorette, elle est exceptionnelle  » lance Anne-Sophie. Cette petite poule blanche adore les caresses. N’en déplaise aux résidents qui la prennent volontairement sur les genoux. Bouh et Chausson, deux lapins béliers préfèrent déguster carottes et autres gourmandises posées sur la table. Les cobayes Michoko et Nougat ainsi que Padmé, une poule hollandaise noire à tête blanche s’installent confortablement : « Les séances sont souvent calmes, ici on prend soin des animaux et de soi. On passe des moments paisibles et aussi très joyeux » explique Anne-Sophie.

Pour Rachel, aide médical psychologique, c’est le moment de renforcer les liens et de se mobiliser : « Il faut manipuler l’animal, le caresser… On peut aussi travailler tout ce qui est cognitif, confiance en soi et estime de soi. » Quelques rires éclatent, Padmé a sauté de la table : « Il faut dire que ça change de d’habitude, ils ont accès aux animaux de la ferme bien que certains ne sortent plus, c’est vraiment un moment agréable » affirme Rachel.

L’après-midi se termine dans le bonne humeur. La semaine prochaine, les résidents auront la visite d’un cheval. Aux Lauriers, tous les animaux sont les bienvenues.

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Rendez-vous avec Lola,

Crevette et Delphine

Le chien est le meilleur ami de l’Homme. Depuis 12 ans, l’établissement pour personnes âgées Marguerite des Flandres à Nieppe accueille chaque semaine des chiens. Lola et Crevette sont des habituées, avec Delphine, zoothérapeute,  elles aident les résidents à se déplacer et à faire appel à leurs souvenirs.

À leur arrivée, tout le monde les reconnait. Lola 3 ans et Crevette 6 ans sont prêtes pour l’activité du jour : un parcours de marche. « Bonjour Lola, bonjour Crevette » lance une résidente enjouée. Une chose est sûre les deux chiennes étaient attendues : « Lola est un Border Collie et Sianne, enfin Crevette tout le monde l’appelle comme ça, c’est un Yorkshire croisé avec on ne sait pas trop quoi » sourit Delphine.

Les résidents patientent dans la grande salle du fond. Delphine et Ludovic, l’animateur de la maison de retraite, installent le parcours : plots de couleurs, balles, petits cerceaux, barrières à enjamber, tout est prêt. Pendant ce temps-là, Lola et Crevette saluent les pensionnaires. Pour Ludovic, la présence d’animaux au sein de l’établissement joue beaucoup sur le moral et la volonté des personnes âgées : « Vous savez, il y a des personnes ici qui ne veulent jamais marcher avec nous. En revanche, quand il y a les chiens, toutes veulent faire le parcours de marche. Ça leur fait du bien, la plupart ont eu des chiens, ça évoque de bons souvenirs. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Et des souvenirs ils en ont. Bernadette a 93 ans, elle est la doyenne de la résidence, dans un ch’timi irréprochable elle se souvient de ce Berger Allemand qui venait lui dire bonjour lorsqu’elle travaillait : « J’adore les Berger Allemand, je n’en ai jamais eu, mais quand j’allais au travail, je descendais de mon vélo et ce chien était là, il me faisait la fête chaque jour. »

Sous les applaudissements de ses voisins de chambre, Bernadette termine le parcours haut la main. Comme tous ceux venus participer à cette activité : « C’est très important les parcours de marche, aujourd’hui on a travaillé sur la motricité et l’équilibre, ça a pour but la prévention des chutes. » souligne la zoothérapeute. La médiation animale ce n’est pas uniquement d’apporter du réconfort aux personnes en difficultés c’est aussi de les pousser à se dépasser et à se maintenir en forme.

Les résidents de Marguerite des Flandres sont conquis. Ils ont hâte d’être à la semaine prochaine pour retrouver, une fois de plus, Delphine et ses deux compagnons à quatre pattes.

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Au Chat Voir Vivre,

les pensionnaires ont du poil !

Il y a quatre ans et demi, Cécile a ouvert un salon de thé pas comme les autres. Au total huit chats vivent au Chat Voir Vivre. La propriétaire du salon avait envie d’offrir aux Lillois un peu de douceur avec l’aide de ses compagnons à quatre pattes.

Ambiance cosy et colorée, au Chat Voir Vivre, les matous sont rois. Ici, pas question de les déranger, c’est eux qui viennent à nous : « Avec un peu de chance, vous aurez une petite Plume qui viendra réclamer quelques caresses, par ici vous trouverez Kirikou et Octave. Les autres se cachent un peu partout dans le salon. Je les ai tous adoptés. » indique Cécile.

Biscuits en forme de chat et thé bien chaud apportent une touche supplémentaire de réconfort. Anne-Marie vient régulièrement dans ce bar à chat : « Quand j’ai un chat sur moi ça m’apaise, ça m’aide à me concentrer aussi. Par exemple, les personnes ne parlent jamais fort. Il y a une forme de respect qui s’installe et c’est grâce aux chats. »

En fond sonore on peut entendre les ronronnements de Patchouli : « Vous savez ça, c’est une vibration à basse fréquence, entre 50 et 75 mégahertz. Un véritable anti-dépresseur sans effet indésirable » explique la propriétaire du salon.

Dans ce petit cocon, clients et chats vivent en parfaite harmonie. Pari réussi pour Cécile.

Marie Pesce

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