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Ennetières-en-Weppes :
des consultations gratuites d’avocats près de chez vous 

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Me Charles-Antoine Page, avocat au Barreau de Lille, guide gratuitement une habitante d’Ennetières-en-Weppes

Personnes précaires et isolées ont peu accès aux permanences juridiques. L’ordre des avocats de Lille et l’Université Catholique de Lille ont trouvé une solution : « le bus de l’accès au droit.» Cette permanence juridique mobile gratuite dotées d’AVOCATS se déplace dans les villes les plus reculées de la Métropole Européenne de Lille (MEL). Reportage.

À la vue des champs agricoles rien ne laisse croire que nous sommes à une dizaine de kilomètres de Lille. Rien. Excepté l’A25 dont les voitures vrombissent à une cinquantaine de mètres. 9 h 10, un car tout en couleur arrive à Ennetières-en-Weppes. Plusieurs habitants attendent sur la place centrale. Jean-Claude Flinois, le maire, sourire aux lèvres, a hâte. Le bus est attendu devant le complexe socio-culturel. Un bâtiment fait de briques rouges et brunes. Le froid s’est levé. Le maire regarde sa montre. Le temps s’écoule. Le conducteur essaie de se garer non sans difficulté sur la place. Le chemin est très étroit. Les buissons manquent de se faire écraser. Et les voitures attendent les dernières manœuvres de l’autobus pour circuler sur la voie principale. Au bout de quelques minutes, le car est finalement stationné au milieu de la place. La mention « Bus de l’accès au droit » est estampillée de chaque côté du car. Les occupants descendent. Vêtu de son écharpe tricolore, l’élu accueille les bras ouverts ces avocats et étudiantes en droit venus pour une mission bien particulière. 

 

« L’objectif est d’aller à la rencontre des justiciables isolés ou précaires situés dans des zones non pourvues de permanences juridiques », rappelle au maire Aurélia. Aujourd’hui, cette jeune doctorante à l’Université Catholique de Lille est responsable du bus. Cette permanence mobile donne des conseils juridiques gratuitement aux habitants. « C’est un premier contact. On écoute leurs problèmes et on essaie de les aider. Sinon on leur propose de prendre rendez-vous avec un avocat ou un notaire» poursuit Aurélia. Après cet échange, l’équipe du bus remonte et se prépare. Les quelques habitants venus pour l’occasion prennent leur mal en patience. 9 h 30, les consultations commencent. 

 

Il est le premier à sortir. Cheveux grisonnant, veste noire, la cinquantaine, Lionel est commercial. « J’habite juste en face. C’est beaucoup plus facile d’accès », rigole l’Ennetiérois. Venu pour des questions sur les droits de succession, Lionel est satisfait. « C’est beaucoup mieux qu’une recherche internet. J’ai eu une réponse claire, nette, précise avec en plus l’assurance de la parole d’un avocat », se réjouit l’homme avec ses mains dans les poches. 

Un avis que partage Julien. Ce jeune homme de 31 ans a vu l’annonce dans le journal. En conflit avec son ex-femme, l’homme originaire de Lambersart a trouvé conseil auprès d’un des avocats. « Il m’a donné le numéro d’un de ses collègues du Barreau de Lille. On va demander la garde alternée » se livre Julien. 

À 61 ans, Gino mène un double combat. Celui contre son cancer de la gorge. Et celui contre sa pension de retraite d’agent administratif au CHR de Lille. « Je ne comprends pas. J’ai plus de trente ans d’ancienneté et je touche moins que les autres. Je devrais être C1 au lieu de C2 », s’insurge-t-il avec sa voix rauque et cassée. Un problème lié aux échelles de rémunération de la fonction publique que connaît bien son interlocuteur. « Cette valorisation dépend de la convention collective. Essayer de vous rapprocher du responsable syndical au comité d’entreprise. Vous avez deux options. Celui du recours hiérarchique ou de faire un recours au tribunal administratif. Mais commencez par aller au tribunal sinon ça vous prendra des années » lui répondit l’avocat.

 

Veste de costume en velours marron et lunettes rondes, Nicolas Lebon est avocat spécialisé en droit immobilier. Il s’est porté bénévole. L’avocat ne se voyait pas dire non à l’initiative du « Bus de l’accès au droit ». « Que des personnes précaires n’aient pas la chance d’avoir des réponses à leurs questions, c’est insupportable pour nous » se justifie Nicolas en s’appuyant sur le dessus d’un siège. «Le droit est complexe et il le devient de plus en plus. C’est compliqué même pour un simple contrat de travail. Et chaque année, il y a de nouvelles lois et de nouveaux décrets. » souffle de lassitude l’avocat. 

 

Nicolas et son collègue ne sont pas seuls lors des rendez-vous. Trois étudiantes en droit à l’Université Catholique de Lille se sont aussi portées bénévoles. Et chacun y trouve son compte. C’est le cas de Mathilde. L’étudiante en deuxième année de droit se réjouit de passer aux choses concrètes « Comment un avocat conseille les gens ? Comment il rend accessible et fait comprendre le droit ? C’est ce qu’il nous manque dans les cours » pointe du doigt l’étudiante assise en lisant son carnet de notes. À côté d’elle, Marie-Clémentine et Sacha aussi étudiantes en deuxième et troisième année en droit sont du même avis. « Cela nous permet d’apprendre à humaniser le droit », sourit Marie-Clémentine. « Je cherchais aussi une activité bénévole depuis longtemps » ajoute Sacha. Après un début tambour battant, la fin de matinée a été très calme. À 12 h, le bus est reparti vers Lille.

Thomas Baritaud

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